Grand voyageur, Jacques Léonard a parcouru le monde et en a rapporté
de nombreux souvenirs qu’il transpose sur la toile au gré de
son imagination et des visions éphémères qui l’ont touchées. La
force de ce peintre est très certainement sa puissante inventivité. En effet
à partir d’un paysage ou d’une situation, il sait construire une composition
où s’entremêlent animaux, personnages, plantes et arbres exotiques. Dans
des bas-reliefs réinventés, on devine des visages rappelant les statues des
temples et les processions admirées en Inde ou en Indonésie. Il y a une
vraie spiritualité dans l’oeuvre peint de Jacques Léonard ; non pas une spiritualité
prosélyte et contraignante qui impose, mais une façon de suggérer
en montrant à l’aide de symboles ou de scènes parlantes un cheminement
qui intéresse tous ceux qui pensent à leur devenir.
Et si l’on n’oublie pas pour autant les oeuvres plus anciennes qui sublimaient
les paysages de Normandie et les grands espaces d’Amérique du nord et du
sud, Léonard en se nourrissant de nouvelles approches a pu mettre en scène
des foules mystiques devant des colosses de pierre ou se reposant devant les
murailles de Jodhpur. D’autres fois, il invente l’Eléphant aux chimères qui
nous emmène dans un univers aux raccourcis symboliques et nous oblige
à regarder derrière le miroir. Car dans les toiles de Jacques Léonard, il
y a toujours quelque chose à découvrir, à comprendre, à s’approprier.
Chaque détail, chaque objet, chaque situation ont leur importance et sont
des marches permettant d’aller plus haut dans un questionnement devant
dépasser la simple anecdote. Ainsi par exemple, les arbres qui interviennent
d’une façon récurrente dans beaucoup de ses oeuvres, je pense particulièrement
aux toiles L’Arbre qui chante ou L’Arbre en fuite, sont peints
comme des personnages et mis en scène théâtralement grâce à la créativité
fulgurante de l’artiste. Entre rêve et réalité, Jacques Léonard n’en finit pas
de nous émerveiller, au sens étymologique du mot, et nous apporte d’une
manière amicale la redécouverte de paysages ou d’éléments que l’on croyait
connaître. Cela je le tiens de collectionneurs ayant voyagé dans les mêmes
pays que l’artiste et qui, pourtant, reconnaissent avoir été spirituellement
« complétés » par les oeuvres de ce guide particulier trop discret : lorsque
certains voient la matérialité qui les entoure, le peintre voit les âmes et les
fantômes, les dieux et les servants, les secrets et les mystères... C’est pour
cela que les amateurs d’art qui le suivent souvent depuis de nombreuses
années n’en finissent pas de rechercher la toile manquante dans ce puzzle
initiatique.
Jouant avec les valeurs et les nuances, les ombres et les lumières, cet
artiste difficilement classable poursuit un cheminement qui l’entraine à
travers les collines et les montagnes, les fleuves et les mers, les paysages
exubérants ou désertiques, à la recherche de l’essentiel. Au-delà de la simple
tranche de vie quotidienne il nous convie à entrer dans une éternité qui
est bien manifestée par le tableau intitulé Le long du Gange où l’on aperçoit
des pèlerins sur un embarcadère venus se ressourcer dans ce fleuve sacré
et retrouver ainsi l’innocence qui les aidera à vivre le futur. Pour Jacques
Léonard la vie n’est pas seulement un parcours insouciant mais bien plutôt
un combat avec des forces qui nous dépassent mais qui par une certaine
démarche peuvent être dominées. L’art n’est-il pas un moyen permettant le
changement d’état et une transformation efficace ?
Jacques Léonard me fait penser à ces chercheurs d’absolu qui infatigablement
s’acharnent à nous délivrer des messages sibyllins à découvrir,
comme dans une chasse aux trésors. Une exposition indispensable.
Jacques Léonard

Foule à Jodhpur, 150 x 200 cm
Pour sa première exposition, organisée
par Artlux, la Galerie d’art contemporain
AAAA a choisi d’exposer des oeuvres
du peintre Jacques Léonard.
Artiste connu et reconnu dans le panorama
de l’art actuel, ses nombreuses expositions,
en France comme à l’étranger, lui ont
permis d’obtenir de nombreux prix
et récompenses, et d’entrer
dans les collections de plusieurs musées.