Univers des Arts

Paul Collomb

1921-2010

En soulevant le voile

Comptant parmi les grands noms du paysagisme français du second XXe siècle, Paul Collomb a laissé une empreinte que la postérité ne renie pas. Ses œuvres, collectionnées et appréciées par les amateurs du genre, continuent de voyager à travers l’Europe et l’Asie où elles trouvent régulièrement leur place au sein de fonds privés. Treize ans après sa disparition, c’est dans sa ville natale d’Oyonnax qu’est réuni un nombre important de toiles rappelant la grande qualité de sa production.

Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas eu le loisir de visiter une exposition réunissant autant d’œuvres de Paul Collomb dans son Jura d’origine. Issu d’une famille de bijoutiers, ses prédispositions lui permettent de rejoindre Paris et son Ecole des arts appliqués. Lauréat d’un second grand prix de Rome puis des prix Fénéon et Casa de Velázquez, où il est pensionnaire en 1952, il participe en 1953 à la fondation à Paris du mouvement de la Jeune Peinture. Mais c’est l’année suivante à la Maison Descartes d’Amsterdam, antenne de l’Institut français, que sa carrière professionnelle prend son grand tournant initial : remarqué par les élites néerlandaises pour son style affirmé, – à l’époque plus réaliste –, il bénéficie dès 1954 de l’ouverture exceptionnelle des cimaises du prestigieux Centraal Museum d’Utrecht, pour la première fois de son histoire, à un artiste vivant. A trente-trois ans, Paul Collomb vient d’effacer le temps volé par la décennie précédente, durant l’Occupation et sa réquisition au Service du travail obligatoire.

Ces brefs éléments décrivant son entrée dans le monde restreint des peintres respectés autant par la critique que par le public, qui plus est dans le si vaste et si périlleux domaine du paysage coloré, permettent de se replonger dans ces années 1950 si particulières, lorsque de jeunes artistes n’hésitaient pas à proclamer que la Figuration ne se laisserait pas vidée de sa substance si aisément par le concept intellectuel, le marché conjoncturel ou la critique institutionnelle. Pour lui comme pour d’autres en ce temps, le Beau devait demeurer intact, inscrit au-devant des mots “métier”, “savoir-faire”, “art”… A lui surtout la peinture française doit beaucoup, pour ce qu’il apporta de justesse poétique au “colorisme” naguère moqué. Paul Collomb avait fait le choix de raconter la vie par la couleur dans des compositions si simples d’apparence qu’on eût souvent dit des scènes banales de genre, glissant presque sans bruit sur le regard, et qui pourtant ne cessent encore aujourd’hui de transporter l’insaisissable mystère d’être au monde. Largement imité, il doit être loué pour sa primauté en la façon.

Souvent résumé par ses fameuses teintes de vert qu’il affectionnait pour écrire les campagnes de France, Paul Collomb est en fait un peintre du souffle de la vie, cette brise légère qui fait se mouvoir les feuillages en même temps que le cœur. Pour lui, la toile est une façade plus qu’une trame. Son véritable propos se cache juste derrière ce voile de lumière chaleureuse, caressant quelque personnage sans visage, déposé par l’artiste là où il le juge bon. Le peintre sur le réel superpose ce voile pour que le spectateur à son tour puisse le lever et découvrir peut-être, quelques traits de vérité dissimulés par la Nature.

Thibaud Josset

ARBRES ET MER 73 X 60 cm

ARBRES ET MER 73 X 60 cm

JARDIN AU PARASOL 100 X 81 cm

JARDIN AU PARASOL 100 X 81 cm

LE CHAPEAU DANS L'ALLÉE 89 X 117 cm

LE CHAPEAU DANS L’ALLÉE 89 X 117 cm

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