Zacchi
Peindre la sérénité
Président d’honneur du Salon des Artistes Français, Président d’honneur des Peintres officiels de l’Armée de Terre et Peintre officiel de la Marine, Jean-Marie Zacchi compte dans le panorama des grands artistes d’aujourd’hui, comme l’un des rares peintres à avoir su articuler de manière aussi vive et directe, un formalisme pur, en tant qu’aboutissement esthétique recherché en soi, et une capacité à déployer en un instant, presque comme une déflagration, l’essentiel d’un sentiment, et ce sans jamais laisser le sujet prendre le dessus sur sa vision.
Très jeune, Jean-Marie Zacchi eut la révélation de la couleur en découvrant la toile de Paul Sérusier de 1888 intitulée Le Talisman, œuvre d’une grande modernité conservée au musée d’Orsay, d’une taille réduite mais contenant une synthèse inattendue des grandes évolutions alors en germe dans la peinture française. Le fait que ce soit cette toile avec son caractère anecdotique et néanmoins fondateur, qui ait joué un rôle de déclencheur chez le jeune Jean-Marie Zacchi, raconte quelque chose de sa personnalité : il est avant tout un peintre de la concentration expressive, du jaillissement contemplatif que le superflu n’intéresse pas.
En presque soixante ans de peinture, il a su éviter les pièges et les tentations de son métier et a toujours cherché à faire évoluer son art, en dehors des habitudes et autres facilités.
Figuratif à ses débuts puis abstrait dans les années 1970, il est revenu à la Figuration à travers ce qu’il appelle « une transposition figurative », traduction picturale de sa vision face au motif. En 1979, il est distingué par le prestigieux Prix du Cherche-Midi créé par la galerie Dupin située dans la rue éponyme. Le peintre et critique d’art Henri Héraut écrit dans la presse à cette occasion : « Zacchi demeure surtout un grand peintre non-figuratif ». D’ailleurs, dans les années 1980, quatre de ses toiles abstraites passent en vente en l’Hôtel Drouot.
Bleu océan, 73 x 92 cm
Zacchi a toujours admiré les œuvres de Nicolas de Staël, de Chu Teh-Chun et de Zao Wou-Ki qu’il avait eu le plaisir de rencontrer lors d’une exposition commune en 1996. Il a toujours eu la sagesse de ne jamais se contenter de son succès et lui l’artiste, reconnaissable à son bleu, est devenu pour toute une part du public une sorte d’alchimiste de la couleur, jouant avec les dominantes et racontant à sa manière les sentiments qui le traversent. Sa recherche esthétique est là, dans une expression apaisée des émotions les plus brutes. Ainsi retrouve-t-on sous ses pinceaux une définition souvent oubliée de ce qu’est la sérénité : il ne s’agit pas d’un regard détaché et pourrait-on dire passif face aux choses, mais bien une action de l’être qui au bout d’un mouvement intérieur nécessairement violent, arrive à une compréhension exacte de sa place au sein du monde, et trouve le moyen de l’exprimer avec joie ; c’est son regard.
Aucune couleur n’a de secret pour Zacchi et chacune de ses expositions nous offre de multiples surprises aux résonances poétiques. Les tableaux qui y sont présentés constituent une ode au bonheur de peindre, qualité communicative entre toute, dont les accents non figuratifs composent toujours un sentiment d’inattendu, presqu’une obsession pour l’œil.
Sur sa capacité à évoluer sans cesse après un demi-siècle de peinture, il résume : « Chaque jour m’apporte des découvertes qui me font évoluer et comprendre l’importance d’être peintre. » Cette « importance » dont il parle, est l’envie de parvenir à transposer des moments éphémères entrevus en morceaux d’éternité, à sa juste façon qui n’existerait pas s’il ne lui donnait pas corps. Nul ne ferait ce travail à sa place : telle est la source de son désir d’artiste.
De manière générale, en l’écoutant parler, on se rend vite compte que l’acte de peindre est pour lui une façon d’exprimer ce qu’il n’oserait peut-être pas dire avec des mots, par pudeur, qui est pourtant d’une grande importance et que nul ne pourrait exprimer comme il le fait. Lorsque l’on a la chance de le voir travailler dans son atelier, avec une palette ressemblant à une sculpture, on s’aperçoit en écoutant son silence que l’indispensable rigueur qui régit ses jours, est habitée de sentiments profonds que son esprit, par nature, ne peut que démontrer par ce travail. Tel est peut-être le moteur de son goût formaliste : il ne s’agit pas pour lui d’aller plus loin que les autres, il s’agit d’aller là où les autres ne vont pas.
Il faut enfin aborder une autre facette personnelle de Jean-Marie Zacchi, son grand intérêt pour l’Asie, qu’il s’agisse de la Chine, où il expose cet automne dans le cadre particulièrement prestigieux du musée de Souzhou Ouest, ou du Japon et de la Corée où sa notoriété est des plus établies. Car s’il a participé à de nombreuses expositions de groupes en Chine, c’est au Japon et en Corée qu’il a fait ses plus belles expositions personnelles. Au Japon, il expose régulièrement à la Galerie Sakura-no-ki, dans le célèbre quartier de Ginza à Tokyo. Là, il a découvert au fil des ans des nuances et des lumières qui animent ses œuvres et en font des sources inépuisables d’inspiration, parlant, c’est un fait rare, aussi bien aux Occidentaux qu’aux collectionneurs d’Extrême-Orient. Et depuis plus de douze ans, grâce à son agent Diane Seo, il a pu montrer ses toiles dans les lieux les plus prestigieux de la capitale coréenne, notamment à la Galerie Iang. Autre point essentiel de sa personnalité : Jean-Marie Zacchi ne fait pas partie de ces artistes tout entiers tournés vers leur intériorité qu’ils cherchent à nourrir égoïstement en digérant l’altérité : humainement, lorsqu’il visite une terre lointaine, c’est vers les coutumes, les traditions et la vie quotidienne qu’il se tourne avec avidité. Il lui faut vivre pleinement avec les autres pour construire sa vision personnelle : « Même sans parler la langue du pays visité, je parviens par le dessin à entretenir des contacts sensibles et amicaux avec des personnes que je retrouve à chacun de mes voyages. Le Japon et la Corée sont deux pays dont les habitants ont un grand respect pour les artistes et qui sont toujours très contents de découvrir ce qu’ils ne connaissent pas ; s’y rendre apporte une réelle richesse. » Cette « richesse », c’est l’expression sereine du monde offerte à autrui.
Patrice de la Perrière
Du 17 au 30 novembre 2022
Galerie du Marais
21, place des Vosges
75003 Paris
www.galeriedumarais.com
Du 9 août au 10 novembre 2022
Exposition de 10 artistes français
Musée de Suzhou Ouest – Chine
En permanence
Galerie Sakura no ki – Japon
Ichibankan Bldg. 3F
5-3-12 Ginza Chuo-ku Tokyo 104-0061
1151-21 Karuizawa
Karuizawa-machi Kitasaku-gun Nagano
www.sakuranoki.co.jp
Matin de sérénité 64x54cm
La forêt bleue 60×73
Les mots bleus 90×90
Emprise des sens 65x81cm