Univers des Arts

Nikolaï Kouzmine

Modeleur de lumière

« Sur le Chemin de Mourom se dressaient trois pins… ». Les Champs clairs et les pins. Acrylique, Huile sur papier, 103 x 120 cm, 2002

« Sur le Chemin de Mourom se dressaient trois pins… ». Les Champs clairs et les pins. Acrylique, Huile sur papier, 103 x 120 cm, 2002

Jour de février à Kolomenskoïe, H/T, 100 x 110 cm, 1992

Jour de février à Kolomenskoïe, H/T, 100 x 110 cm, 1992

Légendes d’autrefois, H/T, 60 x 52 cm, 2013

Légendes d’autrefois, H/T, 60 x 52 cm, 2013

Automne, H/T, 80 x 80 cm, 2022

Automne, H/T, 80 x 80 cm, 2022

De retour en France pour une brève tournée hivernale articulée autour d’Art Capital 2024, Nikolaï Kouzmine est à n’en pas douter l’un des plus grands peintres russes de sa génération et très certainement le plus grand encore en activité. Pour qui entend affirmer son amour pour la belle Figuration, pour le langage poétique de la peinture et le beau métier, aller à la rencontre de l’une de ses toiles est un indispensable moment de vie. Une révélation au long d’un parcours dont chaque étape est un cadeau.

Nikolaï Kouzmine est né en 1938 dans la région de Nijni Novgorod, au cœur de ces immenses confins européens traversés de la souveraine Volga et de ses affluents. Là, dans l’étendue des espaces paraissant illimités sous la masse céleste, l’imagination a toute la place nécessaire pour vagabonder parmi les éléments tout-puissants. Les rives du grand fleuve, les rivières et les lacs, les escarpements rugueux et les plaines douces et verdoyantes, tout peut sous les lumières changeantes à l’extrême des saisons et des heures, porter vers la plus vivifiante humilité dont l’esprit est capable : celle de la contemplation totale, ensemble par le corps et l’intellect, du Réel. Par le corps car ici il n’est nulle possibilité d’échapper aux sens ; la nature y est trop entière. Par l’intellect car ici l’existence vous appelle avec son immatérialité insaisissable ; l’humain n’y échappe jamais à lui-même. Est-ce là un secret de ce que l’on se plaît à nommer, faute de mieux, l’âme russe, cette façon d’être entièrement soi, individu animé au sens propre, en prise avec la fatalité de la terre, des hommes et de l’Histoire ? De cette confrontation qui est aussi un mariage en symbole, un rapport à l’art est né qui se concrétise par un sens absolu de la justesse, de la mesure et de l’équilibre. Les arts visuels surtout dans leur dimension poétique, de la recréation des réalités sensibles à travers un langage qui n’appartient ni entièrement à la nature ni entièrement à l’homme, en sont sortis grandis au fil des siècles. La peinture de Nikolaï Kouzmine est dans cette optique un parangon esthétique et culturel. De l’encre a coulé à son propos mais s’il ne fallait en retenir qu’une seule chose, ce serait tout simplement le fait que la langue dont il use sur la toile est d’un point de vue fondamental, débarrassé de toute sa construction technique et théorique, celle de la lumière. Tout étudiant en école d’art devrait au moins une fois s’arrêter devant Kouzmine. Tout amateur de tableau trouvera là une réponse à ses interrogations de spectateur, à ses inquiétudes et ses obsessions. Tout ce que fait Nikolaï Kouzmine avec une apparente facilité, c’est saisir la lumière et la modeler, la rendre palpable puis, ayant en main cette chose qui n’en est pas une, la façonner à l’aide d’ingrédients communs. L’exploit d’un alchimiste, en somme. Chez tout artiste, même le plus honnêtement dévoué à son art, on décèle toujours quelque part un petit compartiment d’ambiguïté. Chez Kouzmine il n’y a pas de triche, jamais, nulle part. Cela rend possible un absolu poétique. Le bien le plus précieux dont l’humain puisse jouir. Il y a douze ans, nous évoquions dans nos pages un souvenir de jeunesse de l’artiste, un « tableau emporté dans une tempête ». Il était facile d’y voir une métaphore de la création ou du créateur lui-même. Depuis, la grande tempête façonnant la terre et le destin des hommes a redoublé de force. Suivons le périple de ce tableau qui fut un jour arraché au sol. L’art, comme la lumière, n’existe que dans un regard.

Thibaud Josset

Du 27 janvier au 4 février 2024
Salon Art et Matière
Centre Robert Dumas
Rue de la République
91720 Maisse
www.artetmatiere91.sitesfp.fr

Du 14 au 18 février 2024
ART CAPITAL
Salon Comparaisons
Groupe Figuration Inévitable
(Carole Melmoux)
Salon Dessin et Peinture à l’Eau
Espace personnel Nikolaï Kouzmine
Grand Palais éphémère
Place Joffre, 75007 Paris
www.artcapital.fr

Du 29 février au 6 avril
Exposition avec le sculpteur Charles Favard
Galerie Le 140
140, Grande rue
92380 Garches
www.galeriele140.fr